Étude sur les idées politiques de Mirabeau

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vaille à les faire dépendre plus étroitement du gouvernement:. Il en manifeste d’abord l'intention dans ses notes à la cour. La confusion des pouvoirs, les empiétements de l'Assemblée et de la commune sur l’autorité exécutive produisent l'anarchie qu’il veut combattre?. « Il fera une affaire capitale de mettre à sa place dans la Constitution le pouvoir exécutif dont la plénitude doit être sans restriction et sans partage dans la main du monarque, — Sans ce pouvoir l'autorité royale ne serait qu’un fantôme. Administrer, c’est gouverner; gouverner, c’est régner 4.

Nous n'avons pasaffaireici au principe constitutionnel moderne: « le roi règne, mais ne gouverne pas ; » Mirabeau reconnaît au roi une plus grande compétence. Il reproche à la Constitution de 89 de laisser subsister une grande complication de corps administratifs qui gênent le gouvernements. Il veut les lui subordonner: car il regarde comme la base de la Constitution « l’unité et une très grande latitude du pouvoir exécutif suprême dans tout ce qui tient à l'administration du royaume, à l'exécution des lois, à la direction de la force publiquef. » Comme « on a réuni bien plus de matériaux pour une république que pour une monarchie, » il faut secourir cette autorité royale qui offre leseul moyen de maintenir tout ce que la nouvelle Constitution a de vraiment durable Fe car « l'autorité royale est un des domaines du peuple et l’un des plus inexpugnables remparts qui doivent le préserver de l’anarchies, »

Le pouvoir exécutif ne serait qu’un vain mot si le roi n'avait des forces suffisantes pour l'exercer. Aussi les forces militaires du royaume sont-elles à sa disposition. Le nombre des troupes qu'il peut lever est, il est vrai, fixé chaque année par l’Assemblée? : si le gouvernement augmente ce nombre, il doit en avertir aussitôt

1. Note du ?8 septembre 1790. Corr. Mirabeau-La Marck, v. IT, p. 196-197.

2. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Il, p. 74 (3 juillet 1790), p. 209-220 (6 octobre 1790).

3. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Il, p. 11.

4. Ibid., v. IL, p. 74 (3 juillet 1790).

5. Ibid.

6. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Il, p. 236 (14 octobre 1790); p. 430 et 431 (23 décembre 1790).

7. Ibid., v. II, p. 317 à 327 (12 novembre 1790).

8. Ibid, v. IL, p. 430-431 (23 décembre 1790).

9. Sur l'ordre de Cincinnatus, p. 157. — Courrier de Provence, v. XII, p. 401.