Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 54

dans de rares occasions où il semble craindre le retour du despotisme. « L'unité du pouvoir exécutif, observe-t-il, est la seule vraie base de la monarchie sans laquelle la constitution d’un grand empire serait sujette à des fluctuations et à des vacillations continuelles?. — Certainement, dit-il à ses collègues de l'Assemblée, vous ne feréz jamais la Constitution ou vous aurez trouvé un moyen de rendre quelque force au pouvoir exécutif et à l'opinion avant que votre Constitution soit fixées. » Mirabeau les conjure de ne pas empiéter sur les attributions des ministres. De ceux-ci dépend tout l’exécutift. En cas de trouble, par exemple, que l’Assemblée se borne à l’envoi d'adresses pacificatrices, qu’elle laisse au Conseil le soin de maintenir l’ordre. Cette tâche, il est vrai, peut embarrasser les ministres dans un moment où ils semblent impuissants à combattre l'anarchie5. Mais ils peuvent s’aider des municipalités qui, disposant aussi des forces militaires, sont, comme eux, des agents du pouvoir exécutif, responsables de l’ordref.

Il est difficile de saisir la limite qui sépare les attributions du gouvernement de celles de la commune et de comprendre la manière dont s'établit la dépendance de celle-ci à l'égard de celui-là. Dans un discours qu’il prononce au nom de la municipalité de Paris, « le Corps législatif et le monarque, dit Mirabeau, sont les représentants du peuple et nous n’en sommes que les mandataires. Le monarque est l’exécuteur de la loi, nous sommes les organes du monarque dars cette exécution? » Il semble que Mirabeau cherche ici à restreindre l’action ministérielle au nom du grand principe qu’il répète à tous, aux princes comme à l’Assemblée : « Et surtout ne gouvernez pas trop°! » Notons toutefois qu’il confie le maintien de l’ordre aux municipalités lorsque seules elles peuvent se faire obéir et que plus tard il tra-

1. Discours du 22 février 1790. Courrier de Provence, v. NI, p. 156. — Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 465.

?. Courrier de Provence, ne 45, p. 36; n° 53, p. 5.

3. Archives parlementaires, p. 454-455, — Courrier de Provence, mn 29, p- 18: n°48, p. 10; n° 49, p. 2: n°50, p. 2; n° 51, p. 8. et M3; n°52,,p' 6; n°,63,.p-.35;

. Courrier de Provence, n° 45, p. ? et 5.

. Ibid., n° 15 (discours du 1°" juillet 1789).

. Ibid., n° 109 (23 février 1790), v. VIII, p. 143 (5 mai 1790).

. Discours du 1* mars 1791. Courrier de Provence, v. XII, p. 292. . Lettre au roi de Prusse.

. Courrier de Provence, n° 51, p. 5.

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