Étude sur les idées politiques de Mirabeau

84 F. DECRUE,

Avec la liberté de la presse, Mirabeau soutient la liberté d'enseignement. Il attaque d’abord le système des universités qui monopolisent l’instruction en faveur d’un nombre restreint de professeurs. Il appuie les agrégés en droit quand ils demandent que la loi ne les empêche plus de faire des cours?. Les questions d'éducation le préoccupent, car il considère l’ignorance comme le plus sûr appui du despotisme. L'instruction est la première mesure à prendre pour le combattres. Elle apprend aux princes leurs vrais intérêts, aux sujets leurs droits, aux uns et aux autres leurs devoirs{. Ce sont surtout les rois et les enfants des rois que Mirabeau veut instruire ; mais, instruire le peuple n’est pas moins importants. Aussi cherche-t-il à multiplier les écoles, surtout dans les campagnes. « Avec une bonne législation, des magistrats vigilants et de l'instruction, l’homme fera le bien plus sûrement que s’il est poussé par des motifs religieux’. » Ce n’est pas que Mirabeau chasse le clergé des écoles. Au contraire, il voit dans les curés des officiers d’enseignement®. S'il propose la formation d’un grand lycée national”, il n'entend pas pour cela entraver la liberté d'enseignement. Il ne réserve à l'État qu’un droit de contrôle sur l'éducation publique‘.

Après avoir réclamé la liberté politique et civile, Mirabeau est frappé du besoin d'égalité qui se manifeste en France. Il a été par trop victime des traditions féodales de sa famille, pour ne pas désirer qu'on supprime nombre de privilèges nobiliaires. Il condamne l'aristocratie, tout d’abord dans les républiques't. « Une république, dit-il, ne doit vivre que d'égalité”. — Mille tyrans sont un fléau mille fois plus redoutable qu'un seul tyran :

1. Lettres à Mauvillon, p. 142.

2. Moniteur (p. 190). Discours du {4 février 1790.

3. Lettres de cachet, v. T, p. 160.

L. Essai sur le despotisme, p. 63 et 64.

5. Ibid., p. 276-279.

6. Lettre à Frédéric-Guillaume IL, p. 424.

7. Réponse aux conseils de la raison. Œuvres de Mirabeau, v. V, p. 24. Lettres de cachet, v. I, p. 5.

8. Moniteur. Discours du 2? novembre 1789. Courrier de Provence, n° 40, p. 58; v. IX, p. {1.

9. Mémoire sur l'éducation publique, p. 154.

10. Lettres à Mauvillon, p. 505. Courrier de Provence, v. VII, p. 361 ; n° 70, p: 15.

11. Comme celles de Genève et des Etats-Unis.

12. Ordre de Cincinnatus, p. 25 et 68.