Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 85

car sur un corps aristocratique, l'opinion ne peut rien‘. » Dans une monarchie, il reconnaît la noblesse comme un fait accompli, mais il conjure le roi et le peuple de s’unir pour l'empêcher de jouer un rôle prépondérant?. De bonne heure, il condamne la plupart de ses prétentions ; il lutte contre le despotisme paternel®: il critique le droit d’aînesse#, le régime des substitutions. Il réclame un partage égal de l'héritage entre tous les enfants5.

Cependant, ce qu'il demande surtout, ce n’est pas tant l'égalité sociale et même politique que l'égalité civile. Devant la loi, assurément, tous les hommes doivent être égaux, même dans les colonies, où les mulâtres sont opprimés par les blancs5. Mais Mirabeau ne désire pas la suppression complète de la noblesse; les tirades qu'il lance contre elle lui sont souvent arrachées par les nécessitès de la popularité. « Il faut flatter les peuples pour les gouverner, » répète-t-il souvent à ses amis La Marck et Dumont. Il était loin d'exiger une égalité absolue, impossible même, entre les classes; il appelait cette égalité exagérée « un violent paroxysme de la maladie révolutionnaire’. » Il constate une distinction entre le menu peuple et les notables, dont il se plaît à tracer les devoirs spéciaux. Une monarchie ne peut se passer des agents intermédiaires de la souveraineté®; des corps privilégiés y sont admissibles, pourvu que le pouvoir royal les contienne; dans ces conditions, leur émulation est utile à l'Étati. D'ailleurs, Mirabeau cherchait à composer avec les préjugés. « Songez, Messieurs, disait-il à des républicains, qu’il faudra toujours un patriciat en France!!. » Les princes du sang ne sauraient être considérés comme de simples citoyens®. Il en est de même pour les anciens seigneurs féodaux ; Mirabeau ne se dissimulait pas leur autorité. « Il lui fallait une noblesse, car il la

Tbid., p. 13. Cf. Lanfrey, p. 141.

Ordre de Cincinnatus, p. 78 et 90.

Lettres de Vincennes.

Courrier de Provence, v. VI, p. 109.

Ordre de Cincinnatus, p. 324.

. Moniteur. Discours du 3 juillet 1789.

Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 208. Courrier de Provence, n° 91,:p. 16. . Lettres de cachet, v. I, p. 322 et 323. . Ibid., p. 324.

. Ordre de Cincinnatus, p. 25 et 68. . Lévis, Portraits, p. 210.

. La Fayette, x. WI, p. 40.

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