Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 87

Cependant il n’osa assister à la séance où le décret contre les droits honorifiques fut rendu ‘. Il rejetait la responsabilité de cette mesure sur La Fayette qui, selon lui, en avait été « ou bêtement ou perfidement, mais entièrement complice. » C’était une démence qu'il regardait « comme le brandon de la guerre civile par les excès et les violences de tout genre dont un décret, plus insensé encore par la manière dont il a été rendu que par ses dispositions, ouvre la scène?. »

La question jugée, Mirabeau approuve avec l'Assemblée la distinction entre les citoyens passifs et les citoyens actifs ou électeurs. Cette distinction reposait sur le cens électoral. Il admet ce cens pour l'é/ectorat, mais cherche à l’atténuer pour l’éZigibilité, parce que le grand principe de l’éligibilité doit être la confiance. Cependant, de même que son père, il entend que l’Assemblée représentative ne se compose que de propriétaires non salariés. Il n’est donc pas partisan du suffrage universel, dont il est d’ailleurs à peine question en 1789. Certains citoyens doivent être privés des droits politiques pour d’autres motifs que l'insuffisance du cens électoral. Tels sont les faillis et leurs enfants, si ces derniers n'acquittent pas la portion due des dettes de leurs pères’. Afin de donner plus d'importance encore à l'acquisition des droits politiques, Mirabeau fit passer à l’Assemblée une motion de Sieyès qui obligeait les nouveaux citoyens à se faire recevoir avec des cérémonies renouvelées des Grecs et à se faire immatriculer dans le grand rôle de l’inscription civique.

L'organisation de l’armée ne laisse pas Mirabeau indifférent. Il a été soldat lui-même et les questions militaires l’intéressent. Il sent d’abord la nécessité d'une réforme complète dans l’armement européen. Dans ses premiers écrits, il combat avec vigueur l'institution des troupes permanentes, et surtout des corps mercenaires®. Lors de la guerre d'Amérique, il exhorte les Allemands à ne pas s'engager dans les armées anglaises. « Votre sang, leur dit-il, ne doit couler que pour votre patrie?. » L'armée, telle

. Ferrières, v. II, p. 74.

. Corr. Mirabeau-La Marck, v. I, p. 174.

- Reynald, Mirabeau et la Constituante, p. 221:

. Malouet, v. II, p. 13.

- Cf. Droz, Histoire de Louis XVI, v. U, L. n. — Moniteur, 6 septembre 1790. 6. Essai sur le despolisme, p. 121 et 123. Réponse aux conseils de La raison.

Œuvres, v. V, p. 16. T. Avis aux Hessois, Œuvres (182), v. , p. 5.

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