Étude sur les idées politiques de Mirabeau

S6 F. DECRUE.

croyait essentielle à la monarchie!. » Lui-même se sentait interessé dans la question. Il estimait très haut, trop haut peut-être, sa propre noblesse et s’indignait de se voir égalé à de nouveaux anoblis?. Il faisait parade de ses titres, de ses armes, même après que les titres et les armes eussent été abolisë. « Le comte de Mirabeau aimait la liberté par sentiment, la monarchie par raison et la noblesse par vanité, » dit le duc de Lévis, qui croit voir dans ce fait la cause du dissentiment de Necker et de Mirabeau. « Le bourgeois de Genève, ajoute-t-il, penchait pour l’égalité et les institutions démocratiques, tandis que le gentilhomme provençal inclinait pour la noblesse et l’aristocraties, » Si un patriciat à l'anglaise eût ète possible en France, il ne l'eût pas repousséé. Mais la noblesse avait tout fait pour ne jouer aucun rôle dans la Constitution. En outre, elle avait refusé à Mirabeau l'honneur de la représenter aux états généraux. « Croyez-vous, disait-il, que si j'eusse été député de la noblesse, elle eût dégringolé si promptement?? » « On sait en effet, dit La Fayette, que Mirabeau n’est pas démocrate, mais les circonstances le rendent tels. »

Mirabeau rendit, à juste titre, les aristocrates responsables de leur disgràce, pour n’avoir rien voulu céder’. Mais il n’en chercha pas moins à leur rendre quelque autorité'?. C'est ainsi qu'il fit rejeter les délibérations dirigées contre les droits honorifiques des nobles!!. « Ce qu'il est impossible d’arracher du cœur des hommes, écrit-il à Mauvillon, c’est la puissance des souvenirs. La vraie noblesse est, en ce sens, une propriété aussi indestructible que sacrée. Les formes varieront, mais le culte restera. Que tout homme soit égal devant la loi, que tout monopole disparaisse ! Tout le reste n’est que déplacement de vanité!?. »

. Dumont, p. 312.

. Ordre de Cincinnatus, p. 17, 21, 4%, 46, 50. Leltres de Vincennes. . Dumont, p. 13. -

. Portraits, p. 209.

. Ibid., p. 214.

. Ordre de Cincinnatus, p. 82 et 327.

. Ferrières, Mémoires, v. I, p. 92.

. La Fayette, Mémoires, v. IV, p. 41.

. Courrier de Provence, v. IX, p. 20; n° 87, p. 13 et 14.

10. Dumont, p. 312.

11. Moniteur. Discours du 6 août 1789. Archives parlementaires, p. 356. 12. Lettres à Mauvillon, p. 519 et 520.

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