Études historiques et figures alsaciennes

118 ÉTUDES HISTORIQUES

pris aujourd’hui dans le recueil des Poésies mêlées de Voltaire. Si Gœthe en a quelque peu exagéré le mérite, il faut avouer que toute la pièce, jusqu’au dernier vers, est parfaitement appropriée à la circonstance :

Osons-nous retracer de féroces vertus

Devant des vertus si paisibles ? Osons-nous présenter ces spectacles terribles À ces regards si doux, à nous plaire assidus ? César, ce roi de Rome, et si digne de l'être, Tout héros qu'il était, fut un injuste maître ; Et vous régnez sur nous par le plus saint des droits ; On détestait son joug, nous adorons vos lois. Pour nous et pour ces lieux quelle scène étrangère Que ces troubles, ces cris, ce sénat sanguinaire, Ce vainqueur de Pharsale, au temple assassiné, Ces meurtriers Sanglants, ce peuple forcené ! Toutefois des Romains on aime encor l’histoire : Leur grandeur, leurs forfaits, vivent dans la mémoire. La jeunesse s’instruit dans ces faits éclatants : Dieu lui-même a conduit ces grands événements ; Adorons de sa main ces Coups épouvantables, Et jouissons en paix de ces jours favorables Qu'il fait luire aujourd’hui sur les peuples soumis, Éclairés par sa grâce, et sauvés par $on Fils.

IL

Il y a dans la vie de Gœthe une période qu'on pourrait appeler la période des projets ou des fragments ; c’est celle qui précède

immédiatement son arrivée à Weimar. Il est