Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813
16 | FÉRDINAND IV ET LE DUC D’ORLÉANS
manière qu'il n'y eût rien d'offensant pour Bentinck ; mais Belmonte ne veut pas le signer, il m'envoie sa démission pour des causes qui n'existent pas, et je vous ai fait appeler pour que vous me fassiez le plaisir de la porter à Bentinck.
— Sire, lui répondis-je, le prince de Belmonte est venu hier chez moi, et il m'a dit que lord William Bentinck, lui ayant adressé une note officielle pour Votre Majesté, dans laquelle il annonçait que, si Votre Majesté n'obtempérait pas à ses demandes, il regarderait l'alliance comme rompue et procéderait aux hostilités, il avait dû refuser à Votre Majesté de signer une réponse qui pouvait entraîner des conséquences aussi funestes et aussi incalculables pour votre trône et pour le royaume, et en faisant ce refus, il était de son devoir de donner sa démission, Je pense, Sire, que le prince de Belmonie a eu raison de faire ce qu'il a fait, et qu'il a agi en homme d'honneur; et, Sire, si Je pense cela pour votre ministre; comment pourrais-je, étant votre gendre, étant un prince de votre maison, me charger de porter à lord William Bentinck une note qui entrainerait la rupture de l'alliance et qui serait le signal des hostilités? Votre Majesté doit m'approuver et permettre que je ne m'en charge pas.
— Mais, dit le roi, il ne faut pas juger les choses avant de les connaître; il faut que vous lisiez la note, et je suis sûr qu'après l’avoir lue, vous n'aurez plus de difficultés à en être le porteur.
— Je suis prêt à lire tout ce que Votre Majesté voudra, mais pour pouvoir la juger, il faudrait que je lusse d’abord celle de lord William, à laquelle Votre Majesté veut répondre.
— Cela est juste aussi, et même j'ai mis là toutes les notes de Bentinck pour que vous les lisiez aussi. Tenez, voici d'abord celle du 3 mars.
Je commençai à la lire tout bas, mais le roi me dit : « Lisez haut, afin que je vous fasse mes remarques pendant que vous lirez », et, en effet, je lus à haute voix. Quand elle fut finie, il me donna sa réponse, que je lus de même. Cette note du 3 mars était celle où lord William Bentinck demandait que le prince de Cassaro sortit du Ministère et du