Garat 1762-1823

GARAT. 91

attrait rare pour la reine et son entourage si peu habitués à en entendre de semblables. Il manquait, il est vrai, à ses chants, l'accompagnement bizarre que leur donnent les paysans basques, exécuté par la gaïla, la manjureta, dont nous avons déjà parlé, plus souvent par une petite flûte percée de trois trous et par un tambourin guère plus grand qu’un tambour d'enfant. Ces deux derniers instruments, d'une antiquité aussi respectable que les airs qu’ils accompagnent, étaient alors et sont encore ordinairement tenus par un même exécutant qui en tire une harmonie sauvage surprenant bien un peu nos oreilles par son étrangelé, mais qui charme et qui ravit ces montagnards. L'artiste porte, de la main gauche, la flûte à ses lèvres en en couvrant ou découvrant les trous avec les doigts, tandis que, de la main droite, il frappe sans interruption d’un petit bâton sur le tambour suspendu à son cou. Quel succès ces instruments primitifs tenus par ces paysans n'eussent-ils pas eu, eux aussi, à Versailles ou à Trianon’, où l’on était alors si épris de simplicité champêtre!

4. Ce n’aurait d’ailleurs pas été la première fois que des montagnards du Labourd ou de la Soule eussent élé vus à