Garat 1762-1823

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de la foule. Ébloui par la faveur dont il jouissait dès cette époque, il se crut tout permis et nous n'en finirions pas si nous voulions dire toutes les impertinences ou extravagances que son extraordinaire talent faisait supporter. N'’allait-il pas, dans ses moments de folie, jusqu'à contrefaire la voix de Marie-Antoinette et à chanter même un peu faux comme elle’. À part cependant quelques rares incartades de ce genre, il resta homme de bonne compagnie quoique parfois un peu léger. Un soir, à Versailles, après avoir chanté comme il chantait, c’est-à-dire à merveille, ne répliquatil pas à une belle et imposante ambassadrice d'Espagne, placée devant lui, qui, peu familiarisée avec les finesses de la langue française, s'élait retournée pour lui dire : « Ah monsieur, je voudrais bien avoir votre gorge, — Madame, je changerais bien. »

Si Garat était devenu l'enfant chéri de la Cour, il n’était pas moins apprécié et estimé à la Ville et par les artistes. Il fréquentait chez madame Vigée Le Brun?, dont le très simple appartement recevait

1. Chroniques de l'Œil-de-Bœuf. 2. Madame Vigée Le Brun, Souvenirs, t. I, p.60 et suiv.ouv. cit.