Garat 1762-1823

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les parties les plus ardues des accompagnements et les traits d'orchestre les plus difficiles. On se disait avec étonnement la puissance de cette organisation musicale qui faisait que, lorsqu'il chantait sans accompagnement, il occupait les suspensions et les intervalles du chant par les traits qu'aurait eu à rendre l'orchestre ou le clavecin. On racontait qu'il allait même jusqu’à imiter le son de tous les instruments.

Piccini, Sacchini, l’auteur d'Œdipe à Colone, Grétry, Duni, etc., tous les musiciens voulurent l'entendre et, chose rare, leur admiration ne fut pas moindre que celle de la foule. Grétry ! particulièrement lui conseilla de ne pas trop s’attacher à l'étude rigide des règles théoriques de la musique qui n'étaient point, à son avis, faites pour lui et dont son organisation particulière semblait avoir voulu le dispenser. De là, sans doute, le bruit persistant qui voulait qu'il ne connût pas une note de musique; de là, ce dire du chanteur Legros : « Quel dommage qu'il chante sans savoir la musique! — Sans savoir la mu-

1. Grétry, Mémoires ou essais sur la musique, t. 1, p. 416, ouvy. cit. — Correspondance liltéraire. Février 1784, ouv. cit.