Garat 1762-1823

GARAT. TA

Garat se fit vite à l'élégance, à la corruption raffinée, à l’impertinente correction, à l'esprit subtil et délicat de la société qu'il fréquentait; il en eut quelque peu le dédain des scrupules; il en eut surtout l'élégance dans l'allure, le bon ton dans l'esprit.

C'était une ville singulière que le Paris de ce temps-là, dans lequel se donnaient rendez-vous toutes les étrangetés, toutes les folies, toutes les grandeurs et tous les dévouements. Paris était bien déjà le foyer des lumières et du goût, le seul endroit du monde où homme de génie ou charlatan, prédicateur ou comédien, quiconque avait du talent était sûr de se faire une place, d'avoir son jour et son heure. « Étrange ville, étrange époque, où, comme l'a dit madame Du Deffant, tout le monde veut être riche... tout le monde veut se ruiner, parce que c'est la mode, où l’on n’est pas avare, où l'on n'est que corrompu.» Étrange époque où mademoiselle Duthé portait « une robe de soupirs étouffés ornée de regrets superflus, avec une pointe de candeur

4. Correspondance de Madame Du Deffant, 2 vol. in-12, Plon, édil., Paris, 1865, t. IT.