Garat 1762-1823

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parfaite, frisée en sentiments soutenus de rubans d'œil abattu », qui coûtait des sommes fabuleuses*. Étrange époque où une dame de Matignon, ne pouvant payer une robe qu'elle avait commandée, l’achète par une rente viagère de 600 livres; ou la même fait un marché de 24 000 livres par an, pour qu'on lui en fournisse tous les jours une nouvelle. En 1787, la grande marchande de modes, mademoiselle Bertin, qui avait répondu à A. de Toulongeon se plaignant de ses prix : « Ne payeton à Vernet que sa toile et ses couleurs ? », ne trouva-t-elle pas moyen de déposer son bilan avec un passif de deux millions!

Garat ne manquait pas une des réunions à la mode-et se trouvait partout où la société élégante avait l'habitude de se rencontrer. Il était un des fidèles des soirées du jardin du Palais-Royal, qui servait de champ clos aux Gluckistes et aux Piccinistes, soutenant leur opinion respective

1. On voyait alors «une robe monter au prix de 10500 livres. » J. et Ed. de Goncourt, La Femme au XVII° siècle, 1 vol. in-12, Charpentier, édit., Paris, 1817, p. 338.

2. Id, p. 338 ét 347, ouv. cit. — Madame Necker, Mélanges, 5 vol.in-8°, t. III. — Pendant la Révolution, madame Berlin suivit

les émigrés en Prusse ou elle continua à leur vendre « chèrement ses chiffons et ses lalents » (Marquise de Lâge, Souvenirs).