Garat 1762-1823

GARAT. 81

d'Espagnac, accepta d'y aller, pour pouvoir en parler à la reine en toute connaissance de cause. C'était faire à l'abbé beaucoup d'honneur. Celui-ci, jugeant son appartement indigne de la princesse, obtint de son père, gouverneur des Invalides, de lui prêter pour cette fête les grands salons de cette noble demeure. Il avait pensé à tout et même chargé une de ses cousines, de naissance modeste, il est vrai, mais fort aimable femme, de remplir à cette occasion le rôle de maîtresse de maison. Tout alla pour le mieux; la fête fut charmante; Garat, méritant déjà le surnom d'Orphée de France ', que l’on n'allait pas tarder à Jui décerner, chanta merveilleusement. La princesse et les nobles invités qui l’accompagnaient se retirèrent charmés; mais, le lendemain, ce qui gâta un peu la chose, un mauvais plaisant fit courir dans Paris le couplet suivant qui mortifia grande-

ment le pauvre abbé :

Sous ces portiques de lauriers, Me trompé-je? que vois-je? au séjour des guerriers! Siéger près de Lamballe, à ses offres propices, D'un festin, d’un concert, d’un brillant artifice,

1. Mémoires sur M. Suard, par Joseph Garat, 2 vol., in-8. Belin, édit., Paris, 1820. 6