Garat 1762-1823

GARAT. 83

gnie du comte de Provence, du comte d'Artois et d'une foule de grands seigneurs et de grandes dames, curieux de voir ce prodige et de l'entendre. Salieri, l'accompagnateur ordinaire de MarieAntoinette, était au clavecin, attendant des ordres.

Fort troublé à la vue de la reine, des princes du sang et de cette assemblée qui n'avait d'yeux que pour lui, notre jeune homme demeura quelque peu interloqué — on l'aurait été d'ailleurs à moins. — La reine, le comte d'Artois et le comte de Provence, s'apercevant de son embarras, se bâtèrent de le rassurer par de bonnes paroles et de le mettre à l'aise. Notre Gascon ne resta pas longtemps désarçonné et retrouva assez vite son aplomb. Marie-Antoinette, avec la grâce qu'elle savait mettre en tout, lui dit avoir appris qu'il était un habile musicien et qu’en conséquence, elle avait désiré qu'il lui fût présenté. Garat répondit, encore assez timidement, qu'il craignait bien que l'on eût trompé Sa Majesté; il n'était, assura-t-il, qu'un écolier accoutumé à chanter pour son plaisir sans savoir ce que c'était que de chanter, sans connaître aucunement

la musique et sans avoir aucune notion du chant;