Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 193

à la divinité de son choix. Ce n’est plus seulement la facilité d’aller et de venir qu'il poursuit, c'est encore et par-dessus tout la liberté d'après-vivre.

Voici le récit de cette bataille politique, une des plus meurtrières qu'ait livrées l'esprit moderne à l'esprit ancien.

Le 22 août 1789, la commission chargée par l’Assemblée nationale de coordonner les droits de l’homme soumet à ses délibérations les trois articles suivants:

Article 16. — La loi ne pouvant atteindre les délits secrets, c’est à la religion et à la morale à la suppléer. Il est donc essentiel pour le bon ordre même de la société que l’une et l’autre soient respectées.

Article 47. — Le maintien de la religion exige un culte public. Le respect pour le culte public est donc indispensable.

Article 18. — Tout citoyen qui ne trouble pas le culte établi ne doit point être inquiété.

Malgré qu’elle soit touffue, la rédaction ne laisse point de doute sur le but à atteindre. Le culte public, autrement dit le culte d'État y est proclamé nécessaire. Or, qui dit nécessité dit coércition. S'il existe un culte d’État, forcesera de faire des lois pour entourer ce culte de prérogatives, tout ou moins de respects officiels. Ces conséquences sont si claires que c’est sur ce point seul que se concentre immédiatement le débat. M. de Ja Borde (1) proteste le premier : « Respectons les cultes étrangers, dit-il, pour que l’on respecte le nôtre. »

(1) Bailli d'Étampes.