Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 195

Plus d’équivoque. Il s’agit de proclamer la liberté de conscience d'abord, la liberté des cultes ensuite. Il n’est plus question de cultepublic; au lieu d'enseigner lui-même, l'État surveillera ceux qui enseignent. Il montera la garde à la porte des temples, il ne pénétrera plus dedans.

La discussion s'engage, terrible; non pas à propos de la liberté de conscience (celle-là est acquise) ; son principe est si évideut que nul n’imagine de le nier ; et d’ailleurs la conscience est inafteignable ; elle plane au-dessus de l'humanité; chaque homme la porte en soi, impalpable, invisible. Mais le culte est le signe extérieur de cette conscience ; il est son drapeau et les drapeaux ont des couleurs visibles; ils peuvent être insultés d’abord, confisqués ensuite.

Deux courants s’affirment: un courant de fanatisme qui veut imposer aux Français un culte d'État, lequel dans l’espèce s'appelle le culte catholique, celui que les meneurs désignent sous le nom de « culte dominant» ; un courant de sécularisation qui, à la différence de l’époque actuelle, s'appelle la liberté au lieu de s’appeler le laïcisme.

Culte dominant ! « je n’entends pas ce mot, dira Mirabeau, et j'ai besoin qu’on le définisse… Est-ce le culte du prince que l’on veut dire? Mais le prince n'a pas le droit de dominer sur les consciences, ni de régler les opinions. Est-ce le culte du plus grand nombre? Mais le culte est une opinion; tel ou tel culte est le résultat de telle ou telle opinion. Or, les opinions ne se forment pas par le résultat des suffrages; votre