Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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cice de sa religion. Si ce n’est pas là la vérité, le contraire doit donc l'être; or, je doute que l’on puisse le placer dans votre déclaration.

« Empêcher un homme d'offrir le tribut de sa reconnaissance à la divinité, c'est tyranniser les consciences, c'est violer les droits les plus sacrés de l'homme et du citoyen. »

La Gazette nationale constate que sur ce dernier mot M. l'archevêque de Paris (1) pria l’Assemblée de décider « qu'il n’y avait pas lieu à délibérer ».

On délibéra pourtant. Rabaut-Saint-Étienne (2), Pasteur protestant, vint à la rescousse : « Bannissez pour jamais, s’écria-t-il, cette aristocratie d'idées, cette feodalité d'opinions, que veut gêner et dominer lopinion des autres; c’est la plus injuste et la plus barbare des tyrannies. Ma patrie est libre; qu’elle s’en montre digne en faisant partager les mêmes droits à tous ses enfants. En attendant que la constitution ait consacré cette égalité que je réclame, je conclus avec M. de Castellane : « Que nul homme ne peut être inquiété sur ses opinions religieuses et que nul ne peut être troublé dans l'exercice de son culte. »

Finalement le principe de la motion est adopté, sur la proposition d’un prélat libéral, l’évêque de Lydda. La rédaction en fut pourtant modifiée, afin de laisser une porte ouverte à un retour possible vers une reli-

(1) Leclerc de Juigné, archevêque de Paris.

(2) Rabaut-Saint-Etienne, député du tiers état de Nimes. Pasteur protestant. Plus tard membre de la Convention inféodé au parti Girondin. Guillotiné le 5 décembre 1793.