Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 199

gion d’État, le jour prochain où la constitution viendrait en discussion. En voici le texte ;

« Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, méme religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. »

Le Moniteur universel (1), rendant compte dela discussion, s'exprime ainsi: « Il est impossible de suivre exactement les opérations d'une séance où le désordre le plus marquédominait, où la partialité commandait, où le cri de la nature, la voix de la raison, les droits de l’homme ont été méprisés, où le président, ne pouvant plus résister davantage aux cris de la conscience, a demandé deux fois sa démission... La motion de M. de Castellane a été amendée, sous-amendée, divisée, alambiquée, entortillée de cent manières. »

Pourquoi cette nervosité excessive ?

C'est que la motion de mon aïeul était l’écroulement de l’ancien système royal des compressions religieuses. Désormais, plus de révocation de l’édit de Nantes! Plus de gallicanisme (2). Plus de déclaration de 1682 (3). À la place de ce bel attirail céleste, des consciences libres, un État libre et une Église qui ne l'est pas encore mais qui fatalement le deviendra ; car

(4) Gazette nationale ou le Moniteur universel du 23 au 26 août 1789, n° 46.

(2) Par gallicanisme, il faut entendre la mainmise du pouvoir civil sur la direction des affaires religieuses. L'Etat gallican faisait payer à l'Eglise catholique la protection qu'il lui accordait officiellement par une intrusion de chaque instant non seulement dans son domaine temporel, mais encore dans son domaine spirituel.

(3) La déclaration de 1682 établissait une orthodoxie d'État.

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