Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 201

La constitution se fit; avant la fin de 1789, ses bases étaient arrêtées ; les constituants oublièrent d'y parler du culte d'État. Une assemblée qui déclarait souve-

rains les citoyens n'avait pu se décider à leur enlever

la première de toutes les souverainetés, celle de leur conscience.

En 1790, pourtant, un dernier effort fut tenté par les fanatiques en faveur d’un culte officiel; et l'Assemblée dut proclamer tout haut ce qu'elle eût mieux aimé continuer à penser tout bas. Il n’est pas inutile de conter ici le dénouement de la lutte.

Le 12 avril, l’on discutait l’aliénation des biens du clergé quand tout à coup un chartreux, dom Gerles (1), pour tranquilliser ceux qui craignaient «que l’Assemblée nationale n’admit toutes les religions enFrance», fit la motion suivante :

« La religion catholique, apostolique et romaine est et demeurera pour toujours la religion de la nation, et son culte sera seul autorisé. »

Toute la partie droite du parlement « se leva, pour manifester le désir qu’elle avait de délibérer ». — Cazalès, l'évêque de Clermont, Goupil de Préselu sentent l'espoir leur remonter au Cœur; un abbé, titulaire de je ne sais quelle abbaye, demande « au nom de tous ses commettants, au nom du clergé de France, au nom de tous les Français, qu'il soit décrété que l'exercice public de la religion continuera seul à

(1) Prieur des Chartreux de Port-Sainte-Marie, le clergé de Riom (Puy-de-Dôme).