Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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maintenu comme une loi de l'État (1) ». Cazalès s’empare de force de la tribune. D’Espréménil fait de même. M. de Clermont-Lodève somme le président de rappeler à l’ordre Mirabeau qui l’interrompt, « et si vous ne ly mettez, ajoute-t-il, je tâcherai de lui apprendre quel est le respect qu’il doit aux membres de cette Assemblée ». Injures, menaces, provocations, rien ne manque à l’échauffourée. L'abbé Maury fulmine : «L’Assemblée doit déclarer qu’à la seule religion catholique, apostolique et romaine appartient la solennité du culte publie. » Mirabeau-Tonneau, qui a pris à tâche de retourner contre la liberté les formules inventées par son frère pour en assurer le triomphe, s’écrie : « Nous ne sortirons d'ici qu'on ne nous en arrache, à moins qu’on n’ait déclaré que la religion catholique est la seule religion nationale. Sans cela, nous mourrons plutôt sur les bancs (2). »

Il est trop tard !

Le temps à eu raison des scrupules des constituants, et d’ailleurs les députés cléricaux cachent trop mal les conclusions fatales de leur proposition. L'Assemblée ne se donne même pas la peine de discuter : la question est jugée. Entre le fanatisme et la liberté elle choisit la liberté par simples mains levées; elle vote une motion rédigée par le duc de la Rochefoucauld et ainsi conçue :

« L'Assemblée nationale, considérant qu’elle n'a ni ne peut avoir aucun pouvoir à exercer sur les con-

(1) Séance du 43 avril 4790. (2) Zbid.