Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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Ce jour-là, laliberté des cultes sera proclamcé, par les catholiques eux-mêmes, le plus grand bienfait de la Révolution, et ce sera mon aïeul qui en aura été le premier dispensateur.

Un gentilhomme qui avait eu de pareilles audaces intellectuelles devait avoir une foi médiocre dans les droits spéculatifs de la royauté. Ne venait-il pas de sacrifier sa prérogative la plus redoutable, celle de modifier les consciences à sa guise? Lorsque la question du veto royal se posa, le comte de Castellane ne sut pas ménager un sage équilibre dans les pouvoirs publies. Comme la plupart de ses collègues sans doute il était très insuffisamment préparé à la solution des problèmes gouvernementaux. Dans les discours qu’il prononça, à cette occasion, les formules philosophiques abondent; il en est demeuré de célèbres, cellesci par exemple :

«Une nation, en se choisissant un chef, n’a pu se donner un maître. »

« Les rois sont faits pour les peuples et non les peuples pour les rois (1). »

Lui aussi, il croit « que tous les pouvoirs sont émanés du peuple » ; son esprit se refuse à concevoir une tradition nationale, une consécration séculaire de certains droits s’imposant aux citovens par le seul fait de leurancienneté. Et partant de ce principe, qui a les apparences de la vérité, il se demande « au cas où le velo absolu passerait, ce qu'il adviendrait de notre

: (4) Séance du 3 septembre 1789.