Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE | 20$

liberté ? Notre condition serait pire qu'il y a un an. L'on ne verrait plus en France qu'unsultan, des vizirs, des pachas, des esclaves (1) ».

Le comte de Castellane réclama le velo suspensif, c’est-à-dire l’enchaînement royal à deux degrés. Îl eût sans doute désiré l'institution de deux chambres au lieu d'une (2) ;le roi des Français aurait pu danser sur la corde raide, un balancier à la maïn, en face de tous ses sujets; mais l’Assemblée nationale se refusant à cette dualité, le comte de Castellane prit trop facilement son parti d’un édifice constitutionnel qui, somme toute, n'était que la transformation du despotisme des rois en despotisme des assemblées, c'est-àdire de la rue. [l oublia que le respect de la démocratie n'exclut pas la prévoyance.

Aussi bien le gentilhomme paraît avoir été imbu des idées politiques désignées aujourd'hui sous le nom de « parlementarisme ». Plus souvent que d’autres, les gens d'esprit ont la faiblesse de croire à l'infaillibilité des parlements. Ils s’y écoutent parler et ils croient qu'ils gouvernent. Ne proposez pas à un parlementaire de se mettre en garde contre sa propre ambition; il en a, il veut en avoir, il en aura. Il croitque le verbiage fait les hommes d'État. C’est ainsi que Mirabeau s’opposa à la motion du député Blin (3), excluant tout membre des assemblées à venir des fonctions de ministre. Et pourtant, que va

(1) Séance du 3 septembre 1789.

(2) Voir la Gazette nationale, 1790, ne 48, p. 199.

(3) Blin, médecin, député de la sénéchaussée de Nantes. 12