Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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LE COMTE DE CASTELLANE 207

mettre 59 ans à triompher définitivement du bourgeoisisme. Le comte de Castellane erut aux droits du peuple ; il mit à les défendre sa droiture. Toute son action publique se concentre sur le mot « liberté ». IL est atteint de la belle maladie du philanthropisme politique, — elle le travaille par accès réguliers. Le 12 octobre 1789, il s'écrie : —« Des prisons d'État que le peuple n’a pas encore détruites renferment des innocents; ces infortunés ne poussent pas un soupir que nous ne devions nous reprocher; ils ne répandent pas une larme qui ne dépose contre nous; ils sont cependant innocents par cela seuls qu'ils n’ont pas été jugés! » Il obtient de l’Assemblée de décider que les citoyens « exilés ou détenus par lettres de cachet ou par des ordres arbitraires seront incessamment remis en liberté; ceux qui sont juridiquement accusés devant être immédiatement transférés dans les prisons légales et renvoyés devant les tribunaux compétents. »

Le 2 janvier 1790, le premier décret n'ayant pas été suffisamment respecté, il en provoque un second plus sévère « rendant responsables les gouverneurs-lieutenants du roi, commandants de prisons d'État, ou supérieurs de maisons de force, supérieurs de maisons religieuses, ete., qui n’auront pas dans les huit jours envoyé un état certifié véritable, contenant les noms, surnoms et âges des différeêts prisonniers, avec la cause et la date de leurs détentions, et l’extrait des ordres en vertu desquels ils ont été emprisonnés ».

Le 20 février suivant, il lit le résultat de l'enquête,