Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE CASTELLANE 209

parti pour la troupe. Mais celle-ci n’a-telle pas provoqué les citoyens en tournant les batteries des forts contre la ville? Avant de jeter le blâme sur une municipalité, faut-il au moins s'assurer qu’elle n’eût pas pris le parti le plus sage! Le comte de Castellane rappelle ses collègues à cette précaution élémentaire. « Je ne suis pas monté à la tribune, dit-il, pour excuser les coupables, mais pour protéger la municipalité. Les informations ordonnées par le roi feront connaître les criminels et appelleront sur eux la vengeance des lois. »

Un autre jour ce sont les ministres qu’il défend. Qu'importe le discrédit qui rejaillira sur lui de cette protection? Il cherche la justice, non la popularité. C'est le 28 juillet 1790; le territoire français a été violé par les troupes autrichiennes; leprince de Condé travaille à la formation de son armée; il n’est bruit que d'étrangers et de contre-révolution. L'Assemblée est houleuse. Accusera-t-elle les ministres du roi, Montmorin, qui n’a pas su parler aux puissances, Latour-Dupin, qui a laissé faire? Mais Montmorin a dénoncé le prince de Condé « comme un des plus dangereux ennemis de la Révolution (1) »; mais Latour-Dupin n’ayantpasreçu d'ordres n’a pu lestrahir. Accuser les ministres en pareil cas, c'est commettre une mauvaise action. € Ce n’est pas, dit le comte de Gastellane, dans une circonstance où les intentions des ministres sont évidemment bonnes, qu'il faut

(1) Discours de Veydel. Séance du 98 juillet 1790. 12.