Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu
LE COMTE DE VIRIEU 997
la tâche du chef accomplie ils ont repris leur liberté, ce n’est pas à la cour qu’ils sont venus en jouir, c’est au pays natal, en Dauphiné.
Dans ces atimosphères tranquilles, au milieu de la monotonie des champs, les traditions de droiture et de gentilhommerie désintéressée se conservent pures. Virieu, délégué de sa province auprès du roi d’abord, aux États généraux ensuite, en sera imprégné, et il sera imprégné aussi de cette façon de sentir et d’apprécier les relations entre gouvernants et gouvernés qui est la résultante des mœurs d’une région plus encore que des raisonnements de ceux qui s'efforcent à la diriger.
Le Dauphiné est un pays religieux ; de tout temps, son clergé respecté, obéi, y a exercé de l'empire sur les nobles et sur le peuple... Les monastères y sont nombreux ; la Grande-Chartreuse y dégage des parfums de mysticité. L’imagination des masses s’y entretient avec avidité de chapelles privilégiées, de pèlerinages, etc... De nos jours, le peintre Hébert a fait naitre à son insu, à la Tronche, presque dans un faubourg de Grenoble, une dévotion nouvelle en dotant la modeste église du lieu d’un chef-d'œuvre, sa Vierge ; les Dauphinois vont la vénérer dans les demi-teintes du soleil couchant ; Grenoble, fille de Lyon, se souvient que Lyon a été la première colonie du christianisme dans les Gaules.
Le Dauphiné est aussi un pays de travailleurs; mais les ouvriers y sont moins qu'ailleurs entassés dans d'immenses ateliers et réduits au rôle de rouages