Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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Le 6 juin, Clermont-Tonnerre, gouverneur militaire de la province, reçoit l’ordre d'user des lettres de cachet qu'il a entre les mains depuis le 1% mai et de procéder à l'exil de Messieurs du parlement.

Aussitôt le peuple entre en lice, et non seulement le petit peuple, mais les nobles, mais le clergé, tous imprégnés de cet air d'indépendance qui souffle sur leurs montagnes. Le parlement ne partira pas ; ouvriers, gentilshommes, clercs s’insurgent. Attirés par l’appel du tocsin, les campagnards escaladent les remparts ; les fenêtres du commandement sont criblées de coups de fusil. Sans le premier président, M. de Bérulle, Clermont-Tonnerre serait mis en pièce. Il cède. Bérulle reste à Grenoble, les conseillers aussi, et pour que le peuple en soit bien convaincu, ils s’en vont tenir au palais de justiceun semblant d'audience. — La foule est satisfaite (1).

C’est le corps municipal qui, dans cette journée, célèbre sous lenom de « journée des tuiles », à pris la tête du mouvement; de sa propre autorité, il a, le même jour, convoqué les députés des trois états de la province au chef-lieu pour le 21 juillet suivant.

L'ordre de la noblesse, de son côté, a délégué séance tenante à Versailles trois de ses membres pour amener la cour à composition. Virieu est de cette délégation. Celle-ci discute, négocie, triomphe.

Le 10 juillet, le conseil du roi, qui ne veut pas pa-.

(1) « Le centenaire de l'assemblée de Vizille, par Albert du Boys, ancien magistrat. » Lyon, imprimerie Mengin-Rusaud, 1888,