Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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marcherait point encore suffisamment vers le grand but qui nous rassemble.

«Nous n’avons de véritables dangers à craindre que de nous-mêmes ; les représentants de la nation n’ont à redouter que les actes précipités auxquels la chaleur et l’irritation peuvententrainer leur courage! »

Malgré sa sagesse, ce langage de provincial attardé n'eut aucun succès.

Le 33 juillet, l’Assemblée nationale fait une entaille plus profonde dans les droits de l'exécutif. Il s’agit de décider qui des tribunaux établis ou d’un jury spécial jugera les assassins du 14. Retenir le pouvoir judiciaire paraît la chose du monde la plus naturelle à ces braves gens. Ils décident la nomination d’un comité dit « des recherches », pris parmi eux et nommé par eux. Virieu proteste : « La France a des lois, s'écrie-t-il, des magistrats et une puissance exécutrice. Dès que le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire sont réunis dans la main d’un seul, le despotisme existe; s’il estdans les mains d’un tyran, la patrie peut le combattre; mais s’il est dans la main même de la patrie, alors elle se déchire elle-même, aucune force ne peut la rappeler à l’ordre.

« Le premier devoirque m'ontimposé mes commettants, c’est de rétablir la liberté publique, et je ne suis pas venu pour l’attaquer.. Le despotisme de la multitude est le plus funeste de tous (1). »

Il faut avouer que ce droitier parlait le langage de

(1) Séancés des 23 et 28 juillet 1789.