Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu
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offert leur renonciation à leurs privilèges pour s’associer au régime nouveau (1). »
Virieu n’a pas beaucoup à immoler, il n’est pas riche; sur ses terres il a le droit dit des colombiers, impôt qui pèse sur le menu peuple. « Je n'ai qu'un moineau, dit-il; comme Catulle, je l'offre à la patrie.»
Au dix-neuvième siècle, on se fût moqué de cette rédaction ; à la fin du dix-huitième, son emphase ne fitrire personne ; le bailli la signala à son gouvernement comme un des traits les plus piquants de la séance du 4 août (2).
Au cours de la vie publique du gentilhomme, on chercherait en vain un mot de protestation ou même de regret contre la «démocratisation » effectuée alors et dont il avait accepté à Vizille d’être l'agent. Le clérical et le royaliste, aussi intransigeant qu’il fût, à aucun moment ne redevint un aristocrate.
C’est pendant la discussion des droits de l’homme que, pour la première fois, apparait la passion religieuse dont l’âme de Virieu est remplie. Il s’agit de savoir sous quelles auspices l’on mettra la constitution. Rarement à cette époque on se déclarait « athée », mais avec quelle désinvolture on parlait de Dieu; c'était le temps où Voltaire disait de lui : «Nous nous saluons, mais nous ne nous parlons pas.» «La nature» était à la mode; Rousseau l'avait mise au pinacle.
(4) Gazette nationale, 1189, n° 34, (2) Archives de Parme. Dépêche du 10 août 1789.