Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

LE COMTE DE VIRIEU 241

Beaucoup de députés proposaient de déclarer que l’homme tient d’eile tous ses droits.

Virieu se sentit atteint dans sa foi. « Qu'est-ce que la nature? s’écriat-il. Quelle idée présente-t-elle ? C’est un mot vide de sens qui nous dérobe l’image du Créateur pour ne considérer que la matière... La nation fait un pacte sous les auspices de la divinité, invoquez l'Être Suprême (1). »

Plusieurs membres, dit le procès-verbal, observèrent que la présence de l’Être Suprême étant partout, il était inutile de l’énoncer.

Plus logique encore que son collègue, MirabeauTonneau aurait voulu que « le décalogue fût mis en tête de la constitution (2) ».

L'avis de Virieu prévalut. La première Assemblée constituante française décida que les droits de l’homme allaient être définis sous les auspices de « l'£'tre Suprême (3). » Elle venait de se déclarer sinon chrétienne, du moins spiritualiste. Aucun évêque, aucun croyant n'aurait obtenu d'elle un engagement plus absolu. Virieu avait remporté la seule victoire possible sur le scepticisme et la mécréance.

Mais à mesure que les événements marchent, les consciences s’exaltent. La vente des biens d'église, la constitution civile du clergé qui apparaît à l’horizon (4) jettent l’effroi parmi les catholiques. C’est

(1) Séance du 20 août 1789. (2) Ibid. (3) Ibid. (£) Décrétée le 12 juillet 1790. 14