Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA MÉTHODE ET LES PRINCIPES DE GOUVERNEUR MORRIS 15.

politiques diverses qu'il ÿ a de peuples de caractère différent, développés dans des milieux différents. « Nous lisons dans l’histoire de l’homme, telle qu'elle est développée dans le grand livre de la nature, que les empires ne reposent en aucune façon. sur leurs succès par les armes, mais sur leur constitution civile. religieuse et politique et que, pour l'établissement de celles-ci, celte question est sans utilité : quelles sortes sont en ellesmêmes les meilleures ? d'autant plus que dans beaucoup dechoses ici-bas, et spécialement pour celle que nous avons maintenant en vue, le bien et le mal sont des termes purement relatifs. Le véritable objet d’un grand homme d’État est de donner à chaque nation en particulier le genre de lois qui lui convient et la meilleure constitution qu’elle peut supporter !.» C’est une idée qui revient souvent sous la plume de Gouverneur Morris : nous aurons l’occasion de voir, dans le détail, l'usage et aussi l'abus qu'il en fait.

Au-dessous de ces lois, mais constituant à un moment donné la force politique prépondérante, est l'opinion publique, partout où il peut s'en former une. Quelle que soit leur forme, c'est elle qui domine les gouvernements. « Le peuple: de cette ville (Paris), écrivait Morris au commencement de juillet 1789, (par cet invincible instinct qui produit dans chaque animal la conduite appropriée à sa situation), s'engage: dans la même voie que celle qui marqua l'aurore de l'opposition américaine. Il y a trois mois la vue d’un soldat excitait la crainte. Maintenant ils parlent d'attaquer des régiments. entiers; et effectivement il n’est pas rare qu'il y ait des algarades avec les troupes étrangères. Ainsi, l'opinion, qui est tout. se fortifie chaque jour?. »

PI

En dehors de cette connaissance des lois générales, la méthode de Morris consiste essentiellement dans l'observation de la

1. T. IT, p. 2, novembre 1792, lettre à Carmichael, 2. T.I, p. 115, lettre à Carmichael.