Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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Sur ce dernier point Morris se trouve avoir été d'accord avec Sieyès, dont pourtant, on l’a vu, il méprise les vues. C'est que dans Sieyès, il n'y avait pas seulement un abstracteur de quintessence constitutionnelle, mais aussi un profond observateur des hommes, bien qu'il se dédoublät en quelque sorte à cet égard : « Un homme dont le courage faiblit plus d’une fois, mais dont la perspicacité se demo rarement pendant le cours de la Révolution, Sieyès, avait, dès les premières séances de la Convention, averti les Girondins du sort qui les attendait s'ils parlaient au lieu d'agir. Selon lui, tout le mal, tout le danger, était dans la députation et dans la Commune de Paris: il proposait done, qu'au lieu de faire de

grands discours contre Robespierre, on usât de la majorité pour enlever à la Commune les pouvoirs extraordinaires qu'elle s’attribuait et pour annuler, comme entachée de violence et de fraude, l'élection de Paris. Mais l’indolence généreuse de V ergniaud répugnail à des mesures aussi har ie el Louvet aimait mieux abattre R tobespierre sous le coup de son éloquence. Le conseil de Sieyès avait donc été dédaignét. » Le sage conseiller, ne pouvant être alors du côté des vainqueurs, avait pris ses précautions pour ne pas être parmi les victimes.

1. Duvergier de Hausanne, Histoire du gouvernement parlementaire en France, 2e édit, &. L,/p. 297.