Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

A6 GOUVERNEUR MORRIS

soixantaine et qu'elle avait épousé fort jeune !. Sainte Beuve, qui lui a consacré une étude, a eu soin de signaler ses relaHons avec Gouverneur Morris?. Mais l’impeccable critique parait cependant s'être mépris sur les vues qu'elle avait à cette époque. Il dit en effet: « Mariée, logée au Louvre, elle dut l’idée d'écrire à l'ennui que lui causaient les discussions politiques de plus en plus animées aux approches de la Révolution ; elle était trop jeune, disait-elle, pour prendre goût à ces matières et elle voulait se faire un intérieur ?, » Cela ne concorde point du tout avec ce que nous trouvons dans le Journal. Mme de Flahaut est, au contraire, constamment et activement mêlée à la politique. Elle travaille, il est vrai, pour la grandeur de Talleyrand, pour l'information de Morris; mais aussi pour elle-même : ne l’avons-noûs pas vue révant de gouverner la France avec Morris *?

Après Mme de Flahaut, se place, dans le Journal, Mme de Chastellux,. également logée au Louvre, comme nous le savons ; l’une des premières connaissances de Morris, car déjà avant de quitter l'Amérique il était en correspondance avec le marquis de Chastellux *. Mme de Chastellux le présenta à la duchesse d'Orléans, à la maison de laquelle elle était attachée. La duchesse, dit l'Américain, « a peut-être le plus beau bras de France, et elle a l'habitude d'enlever son gant et trouve toujours l’occasion de toucher quelque partie de son visage, de manière à montrer la main et le bras à leur avantage 5 ». Il devint un de ses familiers et lui faisait ordinairement son thé’. Souvent nous le verrons près de Mme de Ségur, de Mme de Nadaïllac ; chez Mme de Laborde, Mme de

1. Voici le jugement de Morris sur M. de Flahaut, €. I, p. 379 (février 1791) : « J'apprends que M. Flahaut va mieux; sa maladie a pour cause le dérèglement de ses affaires pécuniaires. C’est un misérable (Wreich}, et le mieux qu'il pourrait faire serait de mourir. »

2. Sainte-Beuve, Portraits de femmes, édit. Garnier, p. 45, note 1 : « On lit. des détails assez particuliers sur la vie et les sentiments de Mme de Flahaut à cette époque dans le Mémorial de l'Américain Gouverneur Morris qui arriva à Paris en 1789 et ne tarda à être présenté chez elle (voir au t. I de l'édition française les p- 236, 241, 240, 257, ne pas oublier la p. 250). »

3. Portraits de femmes, p. 45.— f. Ci-dessus, p.34.

CM pe TO = CUNT, p+ 80. — 7. T. I, p 210.