Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES IDÉES DE GOUVERNEUR MORRIS SUR LA FRANCE 47

Duras ; chez Mme Millet, ou Mme Dumolley dont le salon est moins choisi, on ÿ trouve des gens qui viennent à pied !. Il est lié également avec Mme de Staël. La première fois qu'il la voit, l'impression n'est pas très bonne : « Nous trouvons au salon (chez Mme Necker) Mme de Staël. Elle parait être une femme de sens et d’un caractère quelque peu masculin ; mais elle a l’air d’une femme de chambre ?. » Dans la suite il sut mieux l’apprécier, et plus tard, retiré en Amérique, il lui écrivait de temps à autre, en 1805 *, en 1806 *, en 1807°. Dans cette dernière lettre il l'engage à s'établir aux États-Unis et l'invite pour un long séjour, chez lui à Morrisania. Mme de Staël était alors rentrée en France, mais le gouv ernement de Napoléon lui interdisait le séjour de Paris. L'épitre (en français), mi-sérieuse et mi-plaisante, commence ainsi: ç Puisqu'il n’y a de France que Paris, il me semble qu'il ne vous reste qu'à choisir une autre patrie. »

[L voit aussi en 1789 Mme Cabarus, chez Mme Dumolley : « Je lui dis que c’est la faute de La Caze si je ne suis pasallé lui présenter mes respects à son hôtel. Elle me dit que je n'ai pas besoin d'introducteur. Elle a une belle main et de très beaux yeux. Ceux-ci disent, dans un langage très intelligible, qu'elle n’a aucune objection à ce qu'on lui déclare combien ils sont beaux. Elle va à Madrid et sera heureuse de me voir eticiet là6, »

Ces femmes admettent Morris dans leur intimité avec toute la liberté que comportaient alors les mœurs. Non seulement elles le reçoivent dans leur salon, mais aussi dans leur boudoir. En mars 1789 il est chez Mme Duras Durfurt (à) : « Dans le boudoir de Madame qui touche au salon j'ai le plaisir de rester une heure seul, dans une lumière qui ressemble exactement à un crépuscule, la température portée à une parfaite douceur et la plus suave musique ?. »

Elles le reçoivent dans leur chambre à coucher et quand elles sont au lit: « J’ai rendez-vous avec Mme de Flabaut (3 avril 1789) pour aller voir les statues et les peintures du

r, T.L p.28: — 2. T: I, p- He 13 00 AT: p: 464. — 4. T. IT, p. 488. 5. TE pe 606 6 T1 ps "7 T1 ,p. 13.