Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES IDÉES DE GOUVERNEUR MORRIS SUR LA FRANCE lg

du lait qui la rend opaque. Elle me dit qu'il est d'usage de: recevoir dans son bain !. »

N'est-ce point encore comme lé commentaire de certaines estampes du temps, cette visite en mai 1789 chez Mme de Suze: « Son petit chien (lapdog) est très malade, la pauvre béte? souffre depuis longtemps. D'abord il avait la maladie napolitaine ; on l’envoya pour cela chez le docteur des chiens, qui au moyen de préparations mercurielles fit sortir la maladie et le renvoya à l'état de squelette aussi achévé qu'il en sortit jamais du saloir, Sa tendre maîtresse, par les soins assidus, le ramena bientôt à un embonpoint raisonnable ; mais hélas ! autre indisposition. C'est très grave, et voilà Mme, la fille de chambre el un des valets qui re s'occupent que de cela.

‘A trois fois différentes dans ma courte visite : « Je vous demande « pardon, M. Morris — mais c’est une chose si désolante que de « voir souffrir comme cela une pauvre bêle. — Ah! Madame, ne « me failes point d’excuses pour des soins si aimables, aussi mérités « que loules vos attentions. » À la fin, en inspectant son dos, elle découvre un petit ver : &« Ah ! mon Dieu ! mais voyez donc. » Je les quitte pour aller dîner chez M. la Bretèche *. »

Mais le trait le plus curieux est peut-être cette petite scène qui se passe au Louvre entre Mme de Flahaut, Talleyrand et Morris : « Madame étant indisposée, je-la trouve les pieds dans l'eau chaude, et, lorsqu'elle est sur le point de les sortir, une de ses femmes étant employée à cette opération, l’évêque se rend utile en chauffant le lit avec la bassinoire, et moi je regarde. Il est assez curieux de voir un révérend Père de l'Église engagé dans cette préparation *. » Ce n’est pas la seule fois d’ailleurs que Morris se soit égaré à la suite de Talleyrand. Voici encore ce que nous lisons dans le Journal, non sans quelque étonnement : « À neuf heures (25 janvier 1790) je vais au Louvre. L'évêque d’Autun est là. Causé un peu sur la monnaie ; il n'est pas tout à fait d’aplomb ; mais je vois qu'il a étudié la question. Je lui rappelle le livre qu’il devait me prêter. J'envoie mon domestique l'accompagner chez lui,

1. T. I, p. 226.— 2. Les mots en italiques sont en français dans le texte. 3. T. I, p. 88.— 4. T. I, p. 264.

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