Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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LES IDÉES DE GOUVERNEUR MORRIS SUR LA FRANCE 55

arrêter une Constitution. Un tel événement serait particuJièrement désastreux pour les femmes de ce pays, car elles seraient par là privées de leur part dans le gouvernement ; or, jusqu'ici elles ont exercé une autorité presque illimitée, à leur plus grand plaisir, mais non peut-être au plus grand prolit de la communauté !. »

Cependant les belles dames de Paris et de Versailles ne paraissaient pas dispôsées à laisser tomber leur sceptre de leurs mains, à se désintéresser de la politique et de l’administration. Tout au contraire, en ces années 1789, 1790, 1791; celles qui ne sont pas totalement prisonnières de l’ancien régime et qui se rallient, par goût ou par intérêt, à une monarchie constitutionnelle, redoublent d’activité politique. Le milieu est favorable : car ce ne sont plus seulement des influences de Cour qu’elles peuvent mettre en jeu ?. Elles peuvent agir Sur les chefs de l’Assemblée nationale, sur les

. membres des comités. Elles peuvent préparer et combiner des

ministères. C’est ce dont ne se fait pas faute Mme de Flahaut qui, nous l'avons vu, médite de gouverner la France de compte à demi avec Morris #. C’est par elle que Morris est constamment informé et généralement il tient ces informations pour sûres. Elle s’elforce de le mettre en rapport avec les. comités de l’Assemblée : Le 26 juillet 1789 « reçu une note de Mine de Flahaut, qui a quelque chose à me communiquer. Je lui rends visite à une heure. Elle désire savoir si j'irais à Versailles conférer avec le comité qui doit présenter un rapport sur la Constitution. Elle est chargée par un des membres de m'adresser cette requête; je réponds que, si cela ne doit pas retarder mon départ pour Londres, je donnerai cette consul-

1, DAME

2. Moreau, Souvenirs, &. 1, p. 106. L’auteur raconte de Talleyrand un trait qu'il place en 1790 : « IL était très particulièrement lié avec cette duchesse de Luynes qui a quitté, repris, et vraïisemblablement trahi la Reine, ainsi qu'avec la vicomtesse de Laval, qui avait prostitué ses charmes au contrôleur général Calonne, Je voyais beaucoup ces deux dames chez le maréchal de Laval ; elles intriguaient de leur mieux dans tous les partis pour y trouver leur profit et n'abandonnaïent plus les tribunes, »

3. Ci-dessus, p. 34.