Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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LES IDÉES DE GOUVERNEUR MORRIS SUR LA FRANCE Ga

qui insiste pour que je passe la soirée avec Mme de Boursac : 5 consens. Après souper arrive M. de Boursac, puis M. d'Es“anchall, dont la femme est aussi là, et la conversation déœénère et tombe à la politique. Les femmes disent force absurtés au sujet de l'élection de Paris, qui paraît devoir être disputée et par là font perdre patience à leurs deux maris. » Mme de Nadaillac n’était pas la seule qui fit de la politique sentimentale, témoin cette boutade de Mme de Flahaut le lendemain de la prise de la Bastille. « Elle voudrait voir les députés de l’Assemblée nationale venir à Paris. Elle saït que cela est fou, mais elle dit que toutes les femmes ont la même folie ?.» D'autres font de la politique d'intérêt : « Aujourd'hui (19 juin 1789) je rends visite à Mme de La Suze. Elle brode au tambour. La politique du jour la met presque hors d'elle, mais elle est déterminée à être du parti qui fournira l'argent, quel qu'il soit, parce que son mari et les maris de ses sœurs ont beaucoup sur le roi. »

Mais tous ces salons sont des agences d'information ; les nouvelles y affluent incessamment et volent de l’un à l’autre. Voici comment Morris apprend la nouvelle (d’ailleurs fausse) que Talleyrand va être nommé ministre des Finances (14 janvier 1790): « Mme (de Flahaut) me dit que le comte de Ségur à persuadé à La Fayette de mettre l’évêque aux finances. Il lui dit que l’évêque lui déplaisait autant qu'à lui-même, mais qu'ils n'avaient pas d'hommes capables, et qu’avoir. contre eux les talents de l’évêque ne ferait pas l'affaire. La Fayette raconta cela à son amie Mme de Simieu, celle-ci à Mme de Coigny, celle-ci à Mme de —, qui le dit au duc de Biron, qui le dit à Mme de Flahaut, qui désire que je fasse appuyer cette idée par Mme de Ségur ; mais certainement je ne lui dirai que la vérité et encore si l’occasion se présente “. »

Les salons fournissaient aussi très souvent la répétition générale d’une scène qui allait se jouer à l’Assemblée nationale. Alors, en effet, les orateurs écrivaient à l'avance leurs principaux discours, et, souvent, avant de les prononcer ils les lisaient dans quelque brillante assemblée mondaine.

1: Topr87 PMP ram — 3. T. I, p.100: — 4. T. I, p. 269.

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