Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA RESTAURATION 143

Napoléon, avait été envoyé comme député à la Chambre, de 1819 à 1825, et y avait, en toute circonstance, défendu les principes de 1789 et les droits des ofliciers des armées de la République et de l'Empire. Aussi quand on apprit sa mort (28 novembre 1825), tous les libéraux furent frappés de stupeur, comme s'ils perdaient leur chef et leur défenseur. Cent mille hommes accompagnèrent sa dépouille mortelle au cimetitre du Père-Lachaise (30 novembre) et ses admirateurs collectèrent par souscription publique un million de francs pour les offrir aux enfants du grand orateur.

La seconde bataille fut livrée à l'occasion du projet de loi sur le sacrilège, déposé en janvier 1825 à la chambre des pairs, par Peyronnet, ministre des affaires ecclésiastiques. Ce projet qualifiait de crime le sacrilège simple, c’est-à-dire la profanation des vases sacrés et des hosties, et la punissait de la peine de mort. Si le sacrilège était accompagné de vol, le coupable encourait la réclusion ou les travaux forcés à perpétuité, suivant les cas. Quant aux simples délits commis dans les églises, ils étaient passibles des mêmes peines, soit qu'ils eussent été commis dans des temples protestants, dans des synagogues ou dans des églises. C'était, on le voit, une complète confusion entre le domaine religieux et le domaine politique ; c'était vouloir assimiler des délits confessionnels à des crimes sociaux et mettre le glaive au service de la religion, avant tout, de la religion du Prince.

Le projet de loi fut défendu par le vicomte de Bonald, le duc de Fitz-James, La Bourdonnaye-Blossac, qui soutinrent que la religion catholique, étant reconnue comme la religion de l'État et possédant la vérité absolue, avait droit à une situation privilégiée. Le projet pourtant trouva d’éloquents adversaires, tels que Lallier, Molé, Pasquier. — Chateaubriand, qui avait singulièrement atténué son programme, avertit le gouvernement qu'il s'engageait sur une pente dangereuse; mais ce fut le duc Victor de Broglie, qui s’éleva avec le plus de vigueur contre le projet de loi. — L’orateur commença par établir la maxime politique, qui garantit la liberté des cultes :