Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

198 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

« jeunesse. Le gouvernement, l'Université, tout en lui don« nant l’enseignement religieux, ont respecté la liberté, et « l'âme des jeunes gens, laissée à elle-même, n’est pas allée « à l’impiété, parce que le cœur de l’homme, quand il n’est « ni contrarié, ni offusqué par des prétentions dominatrices, « va plutôt aux idées religieuses qu'aux idées contraires. « Donnez-moi les professeurs de Fribourg dans toute la « France, et je vous promets des Voltaire”. »

Telles étaient les vues des hommes dirigeants du gouvernement de Juillet; mais, étant donné le régime parlementaire, ils étaient obligés de tenir compte grandement de lPopinion publique et de la majorité de la Chambre des députés.

$ 2. — Cette tendance anti-cléricale, ce qui, on le voi, ne signifie pas anti-religieuse, de la monarchie de Juillet, se manifesta dans les premiers actes constitutifs de la Chambre des députés. La Charte constitutionnelle du 24 août 1830 modifiait sur certains points celle de juin 1814. L'article V déclarant que « chacun professe sa religion avec une égale « liberté et obtient pour son culte une égale protection » était maintenu ; mais on supprima l’article VI qui reconnaissait le catholicisme pour la religion de l’État. Après ces mots de l’article VIL: « Les ministres de la religion catholique « apostolique et romaine, » on se contenta d'ajouter « professée par la majorité des Francais ». L'article VIIT portait que « les Français ont le droit de publier et d'imprimer « leurs opinions, en se conformant aux lois. La censure ne « sera jamais rétablie » ; l’article LIX : « Le Code civil et les « lois existantes qui ne sont pas contraires à la présente Gharte « restent en vigueur. »

C'était la confirmation du Concordat et des Articles organiques: L'article LXIX annonçait qu’ «il serait pourvu par des lois séparées et dans le plus court délai à différentes questions, entre autres à l'instruction publique et à la liberté de l’enseignement ».

1. V. Lien du 6 juillet 1844.