Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET 167

des catholiques. Le jury les acquitta ; c'était un signe des temps (2 février 1837).

L'épiscopat français, en effet, était encore trop imbu des idées monarchiques et aristocratiques de l’ancien régime, pour ne pas condamner avec effroi les opinions démocratiques et républicaines de Lamennais et de ses amis. L'Arenir, désavoué par les évêques, cessa de paraître le 15 novembre 1837, et les trois champions de la rénovation catholique, Lamennais, Lacordaire et Montalembert résolurent d'en appeler au Pape du jugement des évêques.

On sait le reste. Nul pape n’était moins fait que Grégoire XVI pour comprendre l'abbé de Lamennais. [l avait gardé sur le siège du pontife universel toute l’étroitesse d’un moine, qui ne voulait rien savoir des progrès de la civilisation. Lamennais avait le tort de tous les prophètes : il réclamait cinquante ans trop tôt une révolution, qui a été accomplie de notre temps par Léon XII. Après qu'on l’eut traîné en longueur six mois et congédié sans se prononcer, Grégoire XVI lança comme « la flèche du Parthe » l’encyclique Wirarivos, dans laquelle sans le nommer, il condamnait les doctrines exposées dans l'Avenir, entre autres la liberté de conscience (1832). « De « la source infecte de l'indifférentisme, y était-il dit, découle « cette maxime erronée ou plutôt ce délire, qu'il faut garan« dir à qui que ce soit la liberté de conscience. De là aussi « cette liberté funeste, la liberté de la librairie! » On pouvait augurer, d’après cette déclaration, du sens dans lequel les chefs du parti catholique allaient prendre le mot de liberté.

Les initiateurs du mouvement mennaisien trouvèrent plus d'appui dans l’Église de France pour leur seconde revendication, la liberté d'enseignement. Ils avaient fondé à Paris une Agence pour la défense de la liberté religieuse (18 décembre 1830); quand elle eut recueilli et transmis aux chambres des centaines de pétitions en faveur de cet objet, sans obtenir de résultat, ils résolurent de prendre cette liberté, qui avait été promise par l’article 69 de la Charte