Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET 197

aurait pu craindre une rupture; enfin, à force de bonne volonté, Guizot avait amené le cabinet de Robert Peel à se contenter d'une indemnité de 25.000 francs. C’est le paiement de cette indemnité au consul Pritchard qui provoqua l’indignation de l'opposition. MM. de Carné et Léon de Malleville présentèrent des amendements exprimant le regret qu’en concédant celte indemnité on eût humilié le drapeau français.

Ainsi le même gouvernement qui, en France, avait fait fermer les collèges de Jésuites, contrairement au principe de la liberté religieuse absolue, l’invoquait aux colonies pour imposer les missionnaires de Picpus aux Tahitiens qui n’en voulaient pas.

S 6. — Il nous reste à examiner les faits touchant à la liberté de conscience individuelle, qui se produisirent sous le règne de Louis-Philippe. On peut les grouper sous trois rubriques : le mariage des anciens prêtres, les secours religieux dans les hôpitaux et les prisons, les sépultures à l’église ou en terre bénite.

La question du mariage des prêtres se posa à propos de plusieurs ecclésiastiques, qui s'étaient ralliés à l'Église de l'abbé Chatel, où qui, s'étant convertis au protestantisme, voulurent se marier. Les maires, à qui ils s’adressèrent, refusèrent de célébrer leur mariage civil, par la raison que le sacerdoce catholique était indélébile et avait été, de tout temps, considéré comme incompatible avec l’état conjugal. En vain des députés et conseillers d'État, comme M. de Kératry, et des avocats éminents tels que M. Nachet' et M. de Brouard ? démontrèrent-ils que les lois, de la Révolution, c’est-à-dire la Constitution des 3-14 septembre 1591 avait aboli les anciennes interdictions canoniques. En vain rappela-t-on les déclarations de Portalis qui distinguait nettement l’ordre civil du domaine spirituel: « Depuis que la liberté de conscience est devenue « loi de l'État, disait-il, l'engagement dans les ordres sacrés « qui, dans l’ancienne jurisprudence, était un empêchement

1. La liberté religieuse en France ou Essai sur la législation

relative à l'exercice de cette liberté. Paris, 1830. 2. Du mariage des prêtres (186).