Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

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Mais les membres du gouvernement provisoire n’y virent pas malice; ils prirent pour argent comptant les témoiynages d'adhésion des évêques, les déclarations libérales de l'Êre nouvelle et y répondirent par une bienveillance marquée. Lamartine, entre autres, publia un manifeste en faveur de la liberté de conscience la plus complète. Carnot, ministre des cultes, dans sa première circulaire aux évêques (13 mars 1848), les chargeait « d’inviter tous les prêtres, comme « enfants de la grande famille française, à défendre l'intérêt « de la patrie, comme étant intimement lié à celui de la « religion ».

$ r. — L'Assemblée nationale nomma un comité pour régler spécialement les questions relatives aux cultes. Deux tendances se firent jour, soit dans ce comité, soit à la Chambre : l’une qui réclamait la séparation de l'Église et de l'État (Lamennais, Pierre Leroux, Edgar Quinet), l’autre qui voulait démocraliser, rendre plus indépendant le bas clergé (Arnaud de PAriège, Buchez, Lamartine). Ni l’une, ni l’autre ne devait prévaloir. On maintint le Concordat avec les Articles organiques et se borna à étendre un peu la liberté des culles aux dissidents, dans la Constitution du 4 novembre 1848. i

L'article VIL portait : « Chacun professe librement sa « religion et reçoit de l'État pour lexercice de son culte « une égale protection. Les ministres, soit des cultes actuel« lement reconnus par la loi, soit de ceux qui seraient « reconnus à l'avenir, ont droit à un traitement de l'État ».

Et voici comment M. de Falloux, ministre de l’Instruction publique et des cultes, commentait un peu plus tard cet article, dans une lettre, qui avait dû être concertée avec Odilon Barrot, devenu ministre de la Justice : « En assurant « à tous les cultes une égale liberté et une égale protection, « l’article VIT de la Constitution de 1848 n’a pas fait, entre « ceux qui sont reconnus par la loi et ceux qui ne le sont « pas, d'autre distinction que celle relative au salaire de « leurs ministres. Le droit que vous revendiquez est donc