Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

SOUS L'EMPIRE AUTORITAIRE (1852-1860) 223

tion suivante : « Nous supplions M. le ministre de l’Instruc-

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tion publique et des cultes de provoquer des mesures tendant à empêcher l'application du décret du 25 mars 1852

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aux réunions purement religieuses, de manière que le libre

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« exercice de leur culte reste assuré à tous les membres de

« la famille protestante française ! ».

S 4. — Mais si la liberté de conscience fut entravée par la réaction ultramontaine, appuyée sur un pouvoir ombrageux, en revanche elle trouva de fermes et éloquents défenseurs en France et à l'étranger. En France, les corps savants, revues où journaux, qui avaient conservé un reste d’indépendance, élevèrent la voix en sa faveur. C’est ainsi que M. Guizot, recevant le comte de Montalembert à l’Académie française, fut autorisé à dire: « J’ai quelque droit d’aflirmer que PAca« démie tient la liberté de conscience pour sacrée et qu’elle « déplore la révocation de l'Édit de Nantes » (5 février 1852).

De son côté le pasteur Martin-Paschoud fondait son Alliance chrétienne universelle, afin de rapprocher les chrétiens des différentes confessions dans un même sentiment de tolérance et de fraternité (décembre 1855).

Montalembert fit écho à la voix de Guizot quand, huit ans après, il disait : « Je me console de mes illusions per« dues en remontant dans le passé pour y suivre la traînée « lumineuse des aspirations magnanimes qui ont animé, de « siècle en siècle L'Hopital, Fénelon, Montesquieu, Turgot, « Mr de Staël..…. La liberté religieuse, sincère et égale « pour tous, sans privilège pour ou contre le catholicisme, « en un mot l'Église libre dans une nation libre, tel a été le € programme qui a inspiré mes premiers efforts et que je « persévère, après trente années de lutte, à regarder comme « juste et raisonnable ». — Puis, après avoir stigmalisé en termes indignés l'école catholique impérialiste qui ne craignait pas de justifier la révocation de l'Édit de Nantes, il

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ajoutait ces nobles paroles : « Pour moi, J'ai toujours cru

1. Lien du 7 janvier 1854.