Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
02 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE
assez bien jusqu'à la mort du cardinal Mazarin, a eue sur la paix et la prospérité publiques. La victoire remportée par Henri IV sur le fanatisme et l'intolérance de ses contemporains ne larda pas à porter ses fruits.
On vit bientôt la paix renaître dans le royaume et, avec elle, la sécurité indispensable aux laboureurs, gens de métier el commerçants pour reprendre leurs travaux et leurs voyages. Les lettres, les arts, la théologie même profitèrent du calme et de la liberté rendue au pays et se développèrent par une émulation féconde. Sully et Olivier de Serres, tous deux protestants, rivalisèrent de zèle avec Villeroy et Lafémas, catholiques, pour le service du Roi. La réduction de la taille et la liberté du commerce des grains soulagèrent les agriculleurs, jusque-là foulés par les gens de guerre et écrasés de corvées ; la construction de belles routes plantées d’ormes el l’organisation de relais par Sully facilitèrent les transacions et contribuèrent à accroître le commerce de transit en France. Henri IV et plus tard Richelieu favorisèrent l'introduction de cultures et d'industries étrangères; sans s’inquiéter qu'elles fussent professées par des non catholiques ‘. Ils encouragèrent la fondation de compagnies de colonisation dans la Nouvelle-France et aux Indes-Orientales, dans lesquelles les hardis armateurs de La Rochelle et de Dieppe Lrouvérent à exercer leur activité.
Ine faudrait pas croire, néanmoins, que les vieilles haines confessionnelles fussent éteintes : elles étaient, hélas ! entretenues dans le menu peuple, par les prédicateurs réguliers (Capucins ou Jésuites) et elles dominaient encore dans les Parlements, dans les Universilés, et surtout dans les Cor poralions de marchands ou d'artisans. Dans ces dernières, la concurrence des industriels protestants, souvent mieux outillés, donnait lieu à la jalousie et à lPanimosité. Cela explique que, malgré la bonne volonté du pouvoir, on exelut
1. Par exemple, l'introduction de la fabrique des batistes et linons par les Crommelin, protestants originaires des Pays-Bas.