Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
DE HENRI IV A LA MORT DE MAZARIN 32
« duile, fidélité et affection à son service. » L'année suivante, sur Pavis de Mazarin, le Roi permit aux Réformés de tenir un synode national à Loudun (10 novembre 1659). Bien qu'ils eussent quelques doléances graves à présenter, relatives à la restriction de l'autorité paternelle dans l'éducation des enfants, à la fermeture de plusieurs écoles et à la liberté des inscriptions bibliques sur la tombe de leurs morts, le commissaire du roi, M. de la Magdelaine, leur défendit presque de les faire entendre et leur déclara, que, la tenue d’un synode nalional € coûtant de grandes sommes et « causant de grands embarras à ceux qui y sont envoyés, » Sa Majesté n’en autoriserail plus, que les synodes provinciaux annuels sufliraient à régler leurs affaires.
Cette suppression élait le premier coup mortel porté à la liberté des cultes établie par l'Édit de Nantes ; en effet, autant lPabolition des assemblées politiques avait été conforme à l'esprit de cet édit; autant linterdiction du synode national y était contraire. Par là, on décapitait pour ainsi dire l'Église Réformée, tandis qu'on laissait loute sa puissance au clergé catholique, qui continua à tenir ses assemblées quinquennales. C'est ainsi que lassemblée ecclésiastique de 1660-1667, qui se prolongea plus d’un an à Paris et à Pontoise, réclama la démolition de plusieurs temples et protesta contre la tolérance des prêches, faits à l'ambassade de Hollande et chez quelques particuliers luthériens du faubourg Saint-Germain. Enfin cette assemblée requit du Roi une déclaration, expulsant du royaume lout catholique qui abjurerait. Or, tandis qu'on refusait à ceux-ci la liberté de se convertir au protestantisme ; on réclamait pour les Réformés, même mineurs, loule facilité de se faire catholiques. Avec la tenue du dernier synode des Églises réformées et la mort de Mazarin, nous sorlons d’une période de tolérance et de liberté limitée, pour entrer dans l'ère de l'arbitraire royal et de l'intolérance.
S 8. — Il nous reste à montrer l'influence que la liberté de conscience, introduite par l'Édit de Nantes et maintenue