Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DEPUIS LA MORT DE MAZARIN JUSQU A L'ÉDIT DE TOLÉRANGE 69

« à cette liberté, quand ses dogmes où son culte sont con« traires à l'intérêt de l'État... Aucune religion n’a de « droit que sur la soumission des consciences. C’est faire « injure à la religion que de la rendre exclusive ; empêcher « de prècher, c’est s'opposer à la voix de la conscience. « C’est une impiété à moitié secrète, c’est-à-dire un manque « de foi en la puissance de la vérité qui motive l'intolérance ! » Il concluait, en proposant qu'on rendit toutes les charges accessibles aux protestants, et, surtout, qu'on ne fit pas du sacrement catholique du baplème ou du mariage une condition pour fixer l’état des citoyens français. Vingt ans après, Turgot, devenu ministre, eut le bonheur, fortune bien rare chez un homme d'État, de pouvoir meltre en pratique ses maximes sur la tolérance civile; il contresigna l’ordre du Roi élargissant les derniers galériens protestants et prépara avec Malesherbes l'Édit de 1787.

Turgot est l'écrivain du xvin siècle, qui a le mieux compris les conditions de la liberté de conscience, dans un pays monarchique et catholique; ses maximes sont loin d’avoir été toutes réalisées dans nos institutions.

En 1795 parut le Mémoire théologique et politique, au sujel des mariages clandestins des protestants de France, où l’on voit qu'il est de l'intérét de l'Église et de l'État de les faire cesser en établissant pour les protestants une nouvelle forme de se marier, qui ne blesse point la conscience et qui n'intéresse point celle des évéques et des curés (Paris, in-8°, sans nom). L'auteur, qui n’était autre que Ripert de Monclar, procureur général au parlement d’Aix, avouait qu'une expérience de soixante-dix années n'avait que trop convaincu les magistrats de Pinutilité des voies de rigueur en matière de religion. — Il invoquait l’autorité de Jésus-Christ, de saint Paul, et même de saint Augustin (Contra Petilianum) et celle « des plus grands « hommes des derniers siècles: L'Hôpital, de Thou, Godeau, Tillemont, contre la thèse de l'intolérance civile, et faisait ressortir les inconvénients que la législation persécutrice