Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

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philanthropie, etM. de Barante, dans son histoire du Directoire (1), présente Lareveillère comme le pontife suprême de l’Église Théophilanthropique. Voici du reste en quels termes cet écrivain catholique et royaliste apprécie les idées de Lareveillère et la part qu'il aurait prise au mouvement religieux dont nous nous occupons : « Dans sa philosophie, qui dérivait de Rousseau, ditil, Lareveillère avait la prétention d’être moral et même religieux. La religion qu'il adoptait avait d’abord été assez vague et consistait en un déisme sans dogmes et sans devoir consacrés. Plus tard il imagina un culte et une sorte d’utopie religieuse. I avait toujours eu l'intolérance philosophique et un éloignement passionné des pratiques chrétiennes et des prêtres. Lorsqu'il se mit en situation d'installer sa religion, elle devint sa principale affaire. 11 fut persécuteur et le fond de sa politique était la propagande de sa Théophilanthropie, l’anéantissement de la religion catholique et la répression méfiante et tyrannique de toute opinion contraire à la république révolutionnaire (2). »

Ailleurs cet écrivain affirme que Lareveillère était jaloux de l'autorité papale et que la fondation de la Théophilanthropie fut une tentative de sa part pour se créer un pouvoir analogue à celui du Saint-Père. Sans aller aussi loin, les auteurs des différents articles biographiques consacrés à Lareveillère voient en Jui le fondateur et le chef tout-puissant de la Théophilanthropie. L'auteur de l’article Lareveillère dans la biographie Michaud affirme, nous ne savons sur quelles preuves, que le directeur théophilanthrope essaya de gagner à sa secte le général Bona” parte et que la haine du directeur pour le général eut en grande partie pour cause le refus de celui-ci. Enfin Napoléon lui-même, dans ses mémoires, où il a tracé un portrait peu flatté du Directeur républicain, le présente comme le chef de la société théophilanthropique. « Bossu, dit-il, de l'extérieur le plus désagréable, il avait le corps d’Ésope. 1l écrivait passablement mais avait peu d’étendue d'esprit; il n’avait ni l'habitude des affaires, ni la

(1) De Barante, Histoire du Directoire. (2) De Barante, Histoire du Directoire, tome 1,;D. 4151