Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands
DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 15 connaissance des hommes; le Jardin des Plantes et la ThéophiJanthropie fesaient toute son occupation. Il était fanatique par tempérament, patriote chaud et sincère, citoyen probe, bien intentionné. Il entra pauvre au Directoire et en sortit pauvre. »
L'opinion que Lareveillère était le chef de la Théophilanthropie était répandue même de son temps. M. de Lavalette, que le général Bonaparte, alors général en chef de l’armée d'Italie, avait envoyé en France pour sonder lopinion et se renseigner sur l'état des esprits, écrivant de Paris à son général, caractérisait ainsi Lareveillère : « Ridicule, méchant, hypocrite de philanthropie, orgueilleux de la religion qu'il a inventée et persécuteur cruel des prètres (1). »
Nous n'avons pas à apprécier les jugements portés par Napoléon ou par le confident de ses pensées sur un des membres les plus honorables du gouvernement républicain, un de ceux dont la probité, le patriotisme, le désintéressement, la pureté des convictions républicaines fesaient le plus ombrage au jeune général qui rêvait déjà la dictature ; il est seulement à regretter que les mémoires laissés par Lareveillère n’aient pas encore vu le jour; il est probable en effet que le directeur y marque lui-même la part qu'il a prise au mouvement théophilanthropique et qu’il y réfute l'opinion si universellement admise, d'après laquelleson autorité, son influence auraientété prépondérantes dans la société. Cette opinion, Grégoire, contemporain de Lareveillère, et qui d’ailleurs estimait hautement son caractère, la partage; il assure que c’est à Lareveillère que la Théophilanthropie dùt de durer quelques années. Il n’est donc pas étonnant qu’un-écrivain protestant, peu bienveillant pour le mouvement théophilanthropique, et par conséquent pour les hommes qui y prirent part, affirme péremptoirement, sur la foi de Grégoire, « que la Théophilanthropie ne vécut que de la pro« tection du pouvoir, et que Lareveillère fut son adhérent le « plus utile, celui qui en gagna par ses largesses un certain nom« bre d’autres. »
(1) M. de Pressenssé, L'Église et la Révolution francaise.