Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 35

La plupart des hymnes théophilanthropiques sont belles; seulement, nous relèverons ici un fait qui nous a frappé : Pas une hymne de l'Ancien Testament, pas un psaume de David n’a trouvé place dans ce recueil; ce fait ne saurait être accidentel, et il prouve combien les Théophilanthropes craignaient d’être accusés de n'être, au fond, sous un nom nouveau et avec quelques formes nouvelles de culte, qu’une secte chrétienne.

Naturellement, Chemin trouve que le chant, dans les assemblées Théophilanthropiques, était bien supérieur à ce qu'il était partout ailleurs. « Les protestants, dit-il, chantent en langue « vulgaire, comme les Théophilanthropes, avec la différence que «ce sont des Psaumes de David traduits en mauvais français, « sur des airs trainants et monotones, mais qui touchent parce « que tous les assistants les répètent facilement en chœur, tandis « que les Théophilanthropes font retentir leurs temples des plus « belles odes de J.-B. Rousseau, ou d’autres hymnes qui géné« ralement réunissent le mérite littéraire à Ja grandeur des « pensées, à la sagesse des préceptes, sur des airs également « beaux en général, et qui produisent le plus bel effet quand «une assemblée nombreuse les répète en chœur. »

Nous ne disconvenons pas que le français de Racine, de J.-B. Rousseau où même de Desorgues, ne soit de beaucou p préférable à celui de Marot; mais nous maintenons que rien n’égale, pour Pinspiration religieuse, les psaumes de David ; aussi le chant de nos églises, quelque susceptible qu'il soit d'amélioration, nous paraît, en somme, supérieur à celui des Théophilanthropes. Notons en passant ce fait essentiel, que les Théophilanthropes se faisaient du culte l’idée que nous nous en faisons nous-mêmes : Le culte était pour eux, non un hommage dont Dieu a besoin pour son bonheur ou sa gloire, mais un moyen d'instruction morale, de progrès dans la fraternité et dans la vérité.

Le culte théophilanthropique se célébra d’abord le décadi où dixième jour, que la Convention, adoptant le projet de Romme, avait substitué, comme jour de repos, au dimanche. Cependant plus tard, quand la célébration du dimanche reprit faveur et que