Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

42 HISTOIRE

morale découlera d’une telle doctrine : Celle des théophilanthropes est tout entière renfermée dans ces trois préceptes : Adorer Dieu! chérir ses semblables ! se rendre utile à la patrie ! C’est la morale chrétienne ; c’est le résumé de la loi et des prophètes, tel qu’il avait été donné autrefois par Jésus, légèrement et peu heureusement modifié par le fondateur de la théophilanthropie !

Jésus avait dit : Aimer Dieu! les théophilanthropes disent : Honorer ! Dans cette différence de termes, il ne faut pas voir seulement la crainte de paraître copier trop exactement le christianisme, mais aussi une différence dans l’idée qu’on se fait de Dieu de part et d'autre. Pour les chrétiens, Dieu est surtout le père qu'on aime; pour les Théophilanthropes, Dieu était surtout le maitre, le créateur, l’ordonnateur suprême de l'univers que l'on honore et révère. La première notion de Dieu emportait surtout l'amour, la reconnaissance pour lui; la seconde impliquait l’adoration, une crainte respectueuse.

Adorer Dieu, c’est surtout, selon le Manuel, obéir à la loi qu’il nous fait connaître par notre conscience. La voix de la conscience est la voix de Dieu qui ne saurait s’éteindre en nous. Pourtant, la conscience peut se tromper dans l'appréciation de ce qui est bien, de ce qui est mal; pour ne pas errer, elle a besoin d’une règle, d’un principe fixe. Ce principe, le voici : Le bien est tout ce qui tend à conserver l'homme et à le perfectionner ; le mal est tout ce qui tend à le détruire ou à le détériorer ; de là découle cette vérité, que les bonnes actions sont celles qui sont vraiment utiles; les mauvaises, celles qui sont vraiment nuisibles.

Chérir ses semblables, c’est les aimer comme soi-même ; c’est leur faire ce que nous voudrions qu'il nous füt fait à nousmêmes ; c’est nous abstenir vis-à-vis d'eux de tout ce que nous ne voudrions pas qu’on nous fit. Tous les devoirs particuliers de la morale fraternelle découlent de là, et ceux qu'énumère le Manuel sont les mêmes que prescrivent l’Ancien et le Nouveau Testament.

Le devoir de se rendre utile à sa patrie dérive, d’une manière générale, du devoir d'aimer ses semblables, et plus partieuliè-